La proposition des "Danses Sacrées et Sauvages" nous amène au coeur d'une ambition légitime du corps, lorsqu'il est au contact de la nature sauvage : parvenir à vibrer, à s'accorder au flux des éléments, de l'eau, de l'air et du feu en honorant tout ce qui nous relie à l'ivresse du mouvement.

Paradoxalement, c'est en tout premier lieu un processus intérieur qui va nous guider. Il ne s'agit en aucun cas de vouloir "danser", et encore moins de reproduire une habitude acquise ou un talent personnel. 

C'est du coeur de nous-mêmes, de nos émotions, de notre besoin primordial que tout se joue. C'est une émergence, un processus de germination de l'Être qui cherche à se déployer.

Parvenir à plonger en soi en quête de l'indicible, en demeurant dans l'attente des battements du coeur, de la chaleur du ventre et du feu des racines recèle un merveilleux potentiel de libération, de volupté existentielle et de ressenti par toutes les fibres de notre être. Car au moment crucial où l'énergie première monte et nous inonde  comme une sève bienfaisante, nait alors le mouvement nécessaire, indispensable, celui auquel on n'aurait peut-être pensé en aucun cas mais qui s'avère si bon, si puissant, si lumineux dans son expansion irrésistible.
Car le geste génère une onde de forme qui chevauche nos besoins les plus intimes.
Par ce geste nous entrons véritablement dans la danse de la vie, de notre résonance primordiale, en communion avec les courants qui dansent autour de nous et en nous.

Le soutien de la nature, du soleil, du vent, le poids stabilisateur de la terre et du banc de sable, tout nous encourage et nous entraîne pour oser être pleinement nous-mêmes sans aucune crainte du jugement ou du regard extérieur. Ce qui importe c'est d'oser accueillir ce qui vient, de la tête aux pieds, sans aucun artifice, sans aucune élaboration du mental, juste dans le souffle cru et pur de ce que nous sommes.

Et à cet égard il est flagrant que ce bivouac, avec sa proposition, a constitué une pleine réussite. 
Tout le monde a bénéficié de cet espace pour se faire du bien, pour provoquer l'inertie intime, oser s'affranchir des limitations et se libérer de freins totalement inutiles.

Il est aussi évident que la nudité, finalement adoptée par l'ensemble du groupe, a joué un rôle facilitateur, incitateur et merveilleusement libérateur.

C'est aussi puissamment thérapeutique par la vertu de la nature, du feu estival et des bénédictions que tous ont fini par ressentir par imprégnation, avec l'ivresse des bains de rivière, d'argile et de lumière qui ont agit comme des levains libérateurs.

Ce deuxième bivouac de l'été, entre douceur sacrée et puissance sauvage, a aussi fait danser les coeurs dans l'harmonie de notre petite tribu offerte aux dieux invisibles. Nos danses ont bien été reçues, entendues, accueillies par le lieu de jour comme de nuit. 

Et c'est si bon !