Si j'évoque souvent les bienfaits de la nudité dans la perspective de la communion avec la nature, la pratique de la nudité est aussi très implicante dans ses résonances tout simplement très humaines, et c'est normal.
Déjà, pratiquée seule, elle engage le regard que nous portons sur nous-mêmes. Nous aimons-nous tels que  nous sommes ? Acceptons-nous notre corps, avec toutes ses imperfections, et sommes nous en paix et apaisé avec l'image qu'il nous renvoie ?
Déjà, il faudrait s'entendre ce que nous entendons par imperfections.
Car en réalité la beauté d'un corps ne se mesure pas uniquement par son adéquation à des standards d'une époque ou d'une culture donnée, forcémment relatifs et circonstanciés. Alors même s'il est vrai que les standards hérités (par exemple) de la culture grecque évoquent des critères de beauté inspirés par une certaine harmonie de formes et de proportions, en écho à un critère de beauté dont on ne peut nier la pertinence, il faut toutefois nuancer ces critères.
Car en effet j'ai souvent vu des corps musclés, fins et bien entretenus émaner quelque chose de triste, terne, sans vie. Et à l'inverse des corps bien en chair émaner de la vie, de la force et une sensualité épanouie.
Car en réalité ce qui importe le plus, c'est ce que la personne porte en elle, qui rejaillira sur son corps quelle que soit son apparence.

Dans ce sens, il est donc primordial en tout premier d'être soi-même et de se sentir bien avec son corps tel qu'il est, sans se laisser guider par une forme de tyranie du regard et de non acceptation de soi qui constitue une véritable impasse.
C'est dans ce sens que la pratique de la nudité s'avère salutaire et finalement thérapeutique. Pour s'aimer, s'accepter, s'accueillir tels que nous sommes dans cette désoccultation, qui dévoile une dimension intime de notre corps pour faciliter un affranchissement par rapport à des complexes éventuels ou des blocages d'ordre psychologique.
Ensuite, s'ouvrir au regard de l'autre et pratiquer la nudité en groupe, c'est une octave encore au-dessus permettant d'accéder à une véritable forme de libération dans la relation à l'autre.
Ça constitue un lâcher-prise, dans l'acceptation de l'offrande d'une petite part de soi-même. On se dévoile, et en même temps on s'ouvre au regard de l'autre, à sa bienveillance implicite, scellant une sorte de pacte de confiance et de non-jugement qui dans bien des cas peut s'avérer réparateur et guérisseur.

Car en réalité le fait d'être nu revient à s'accepter dans toute notre vulnérabilité. Dévoiler les organes génitaux est impliquant, terriblement intime. Il y a toute une histoire derrière chaque sexe d'homme et chaque sexe de femme. Ça parle en quelque sorte un peu de nous-mêmes. Cette zone est infiniment sensible, fragile, en résonance avec notre sexualité et avec toute une vulnérabilité résonnant avec des parties non exprimées et non révélées de nous-mêmes. 
Car se mettre à nu c'est vraiment mettre à nu une dimension cachée, occultée et secrète de nous mêmes. C'est pourquoi dans certains cas ça peut générer tant de rejet, de panique, d'hostilité même, en écho avec toutes les souffrances, les mémoires occultées et les parts d'ombre qui peuvent remonter du limon de l'inconscient.
Et c'est pourquoi aussi il est essentiel d'accueillir cette nudité comme une expression de l'Être, dégagée de toute forme d'attente, comme un acte simple et naturel susceptible de rééquilibrer une force intime au plus profond de soi.

Ce qui écarte tout risque de connotation sexuelle déplacée, qui annulerait la bénéfice de la démarche.
Ici on essaye de réintégrer quelque chose de primordial, en écho à une quête de pureté de soi, de recherche intérieure, permettant de retrouver son essence voire une part de candeur et d'innocence en écho avec l'enfant intérieur. Et les sexes dans cette perspective ressembleraient presque à des fleurs réhabilitées et rétablies dans leur fonction au-delà de la fonction génitale, comme des organes sensibles dotés d'une vocation autre, tout en connexion avec les courants de la nature, des sens et de la sève de la vie.