La proposition de bivouac natcham "PEUPLES PREMIERS" se situe au cœur de l'identité natchame.

Ici l'homme moderne, avec ses certitudes, sa vision égocentrée, son hyperactivité et son amnésie globale n'a plus aucun pouvoir et laisse la place à des mémoires refondatrices, enracinantes, salvatrices et bienfaisantes. En écho à ces temps d'autrefois où les hommes honoraient les dieux, en héritage aux enseignements de la grande forêt hercynienne. En résonance avec ce qui a construit l'homme autrefois, quand il savait écouter la nature et se fondre en elle, lui parler, vivre en elle et par elle.

C'est l'histoire d'un temps que l'histoire n'a pas officiellement consigné dans ses archives, et c'est pourtant ce qui a été source de tous les commencements quand l'homme s'est découvert comme créateur de sa propre destinée, en lien avec les puissantes divinités qui lui enseignèrent au plus profond de la forêt les enchantements du divin.

Cet homme premier qui s'est affirmé comme le frère complice de toute la création, en mission sur terre, a créé des liens et des connexions intimes avec tout le vivant. Ce que nous appelons "chamanisme" n'est en réalité qu'un moyen de se rappeler que nous faisons partie d'un tout immense et mystérieux, prenant racine dans l'autre monde afin d'épanouir le nôtre, et ça c'est un secret dont tous les hommes premiers sont dépositaires.

En gardiens de la Terre, ils activent, nourrissent et entretiennent un feu secret et sacré, en mémoire de la mission qui leur a été assignée depuis la nuit des temps. Ils veillent, célèbrent et honorent ce dont l'homme moderne n'a même aucune notion.

Celui-ci pourrait bien entraîner le monde à sa perte, mais en réalité il n'en sera rien, à long terme tout du moins. Car une intelligence veille, la tutelle des dieux va reprendre et la marche du monde continuera. Avec ou sans les "petits frères" qui croient pouvoir utiliser leur Mère-Terre comme un jouet, la Nature continuera son œuvre glorieuse, reflet du ciel, et poursuivra sa course avec ceux qui l'aimerons et l'honorerons.

Par cette célébration du bivouac Peuples Premiers, nous amenons chaque groupe à solliciter cette dimension négligée qui le rappelle à lui-même. Par la grâce du soleil, du vent et de la lumière, de la rivière et du souffle du ciel une magie opère. Comme un murmure, un appel silencieux semble émaner des rochers, de la forêt, des profondeurs de la nuit aussi. Une puissante lame de fond œuvre dans l'incandescence triomphale de l'été. Tout chante, exulte, danse, appelle à la vie.

Une évidence se présente alors à nous afin de nous inciter à nous joindre à cette célébration occulte, ce divin vent de feu et de chaleur estivale.
C'est notre corps.

Si longtemps maintenu prisonnier dans ses gangues de tissu il néglige ses propres pouvoirs, et aspire pourtant à la liberté. Respirer, vibrer, recevoir dans son essence pure, vierge et intacte cette caresse de terre, d'eau, de vent et de feu de la nature sauvage constitue une magnifique passerelle avec toutes les mémoires dont il est issu. Pour nous éveiller à notre pouvoir et ressusciter notre feu intérieur, nous avons besoin de notre corps, de le réhabiliter dans ses fonctions primordiales.

Affranchis des contraintes du monde "normal" nous avons ici le droit de boire à cette source invisible, accompagnée d'un vent de liberté qui nous abreuve par la peau, les sens, et chacun de nos organes.
Vivre nu c'est se reconnecter, célébrer la joie de la terre à travers notre corps, nos sensations et une totale offrande aux courants magnétiques qui véhiculent la force première de la nature sauvage.

Nus nous faisons offrande de nous-mêmes dans une démarche totalement dépourvue d'artifice qui se présente comme un gage de totale confiance, de sincérité, d'humilité. Nus, nous apposons un sceau, nous lançons un signal clair à la nature et à ses habitants. 

Le corps nu se rappelle surtout qu'il est partie intégrante de la Nature et, "pieds nus sur la Terre Sacrée", nous comprenons mieux ce qui se joue sous nos pieds et au-dessus de nos têtes. C'est un sésame, un peu magique à partir du moment où la conscience s'aiguise par la sollicitation du corps. 
Il est un pouvoir qui émerge lorsque nous lui faisons confiance.

Par nos racines, par nos pieds nus qui captent la puissance tellurique, par la force du bassin qui s'anime et nous ancre, par le ventre qui plonge au cœur de nous-mêmes, nous possédons une clef qui nous ouvre les portes de célébrations grisantes et refondatrices de nous-mêmes.

Avec l'ocre nous avons honoré la Terre et sollicité une alliance par laquelle l'être humain se sent pleinement vivant, intégré, voluptueusement exalté par la joie d'un habit de terre qui instille un pouvoir secret.
Par nos bâtons de pouvoir, amoureusement collectés puis ouvragés pour la cérémonie de consécration, nous avons créé un talisman d'ancrage et de mémoire qui nous rappellera aussi à nous-mêmes, à notre responsabilité d'êtres humains conscients appelés à agir en total accord avec la nature.

Mais surtout, par ces quatre jours bénis par les dieux de l'invisible, nous avons réussi collectivement à créer une véritable Tribu qui, même éphémère, constitue un précieux relais entre les magies de la nature et le cœur humain.
Ce fut un bivouac plein, vrai, authentique, avec ses joies et ses larmes fécondes, ses élans, ses éclairs et ses émerveillements.

Ce fut une nouvelle tranche de vie ardente, chargée de sens, sous le soleil de la conscience natchame permettant de se rapprocher de fréquences généralement plutôt inaccessibles.

Par la grâce de notre groupe nous avons permis l'émergence d'une vérité simple : vivre ensemble, dans notre vérité première et en quête de cet enracinement si bienfaisant baigné de rivière, d'eau fraîche et de soleil a ouvert des portes subtiles vers un univers qui semble si proche de nous, à portée de main.

En écho flagrant avec des valeurs, des rêves de partage, de transcendance et de simplicité qui nous relie au cœur du monde, à l'essence de la vie et au bonheur de trouver ici, en pleine nature, un sens profond à notre présence sur terre !