Les stages à vocation chamanique que j'organise revêtent généralement un caractère original, atypique, EN DEHORS des SENTIERS BATTUS. Ils recèlent une teneur qui ne peut se fixer ni sur un programme, ni correspondre à un protocole ou donner lieu à des fiches pédagogiques ! 

Et pourtant ces stages sont riches, denses, intenses, totalement cohérents dans leur déroulement et comme habités de l'intérieur.

Quelle que soit la tonalité du stage (tambour chamanique, animal totem, corps, voix, sens de la vie, bivouacs) c'est à chaque fois un voyage et une aventure, un saut dans l'inconnu radieux et grisant qui se nourrit de l'invisible et met en jeu le fruit des aspirations secrètes de chacun.

Car la présence des participants est riche de sens, exigeante, et conditionne une infinité de résonances qui vont orienter tout le travail.

Elle m'immerge dans une matière sensible et vibrante qu'il va falloir animer, régénérer, ressusciter et distiller.

Je prends pleinement part à l'élaboration de cette matière fluide, subtile et vivante, comme suspendu à une attente secrète que je sens monter. Il y a un enjeu, une promesse aussi qui palpite autour de nous.

Je sais que je vais être aidé, soutenu, porté. 

Chaque regard, chaque attitude corporelle envoie ses signaux qui aiguillent, attisent, encouragent les interactions avec l'invisible.

J'active les leviers, enclenche les énergies, engage tout mon être dans le processus graduel qui résonne comme une prière secrète que j'émets pour tout le groupe.

Vu de l'extérieur ça ressemble à une démarche chamanique, mais pour moi il n'y a pas de mots et c'est tellement au-delà des étiquettes. C'est avant tout vécu comme une aspiration, un vertige et une grisante plongée au coeur d'un bouquet d'incandescences, d'énergies, de mouvement, de couleurs et de forces en latence...

Si j'utilise mes clochettes, grelots, tambours et autres fumigations comme catalyseurs c'est parce que je sens bien que ça agit le plus souvent, ça travaille, et ça permet d'ouvrir des portes.

Cependant rien n'est jamais gagné et je me sens à chaque fois projeté dans un combat invisible contre toutes les formes d'inerties et d'ignorances qui entravent le chemin, contre le risque d'auto-sabotage, de fermeture ou de scepticisme qui pourrait menacer les participants.

Il y a parfois des formes pensées lourdes, résistantes, et dans ce cas plus rien ne m'appartient vraiment et je dois laisser faire. C'est comme une forme de réaction chimique, et je sais avec une quasi certitude qu'au bout d'un moment quelque chose va basculer.

L'ambiance que nous créons autorise ainsi toutes formes d'alchimies intimes, des plus timides aux plus spectaculaires, et au bout d'un moment je sens combien chacun s'implique, souhaite en toute sincérité sortir de ses limitations et cadres de référence...

Et comme aucun effort ne reste sans conséquence, au fil de chaque stage quelque chose s'installe dont la conséquence la plus fragrante est une forme de bien-être, avec un sentiment diffus d'harmonie et de communion qui finit généralement par nous gagner tous.

Je ne sais pas trop comment on me regarde, et comment le regard extérieur peut penser de ce qui se passe dans tous mes stages.

Évidemment cette nudité que j'encourage effraie, indispose, rebute la plupart de mes contemporains. Au début ça m'étonnais un peu (avec mon éducation naturiste le textile m'a toujours semblé une entrave plutôt absurde inventée par les normes sociales), maintenant après 15 années de pratique je comprends mieux.

J'ignorais à quel point la majorité de mes congénères était blessée, mutilée, meurtrie, parfois bien abîmée. À quel point la plupart des familles cachent des secrets inavouables, des transgressions, des souffrances jamais éteintes. Alors tenter de lever le voile en proposant d'enlever les vêtements, quel grand écart !

Et pourtant je vois maintenant à quel point la spécificité de mes activités peut comporter comme allègement de charges invisibles pour ceux qui peuvent se lancer dans l'aventure, comme point de rencontre avec soi-même et de pacification, d'apaisement.

Chaque stage implique ma responsabilité en proposant une ouverture véritable, un élan, une quête d'ivresse à la lisière de royaumes que je connais et fréquente souvent, mais qui semblent pourtant difficiles à partager.

Cet univers que je nourris depuis si longtemps constitue maintenant un privilège et une singularité active.

C'est celle-ci qui m'a permis, autrefois, de lever une petite part du voile pour mon bénéfice personnel (et ça m'a probablement sauvé la vie). Alors après toutes ces années je comprends un peu mieux le sens de tout ça.

Il y a une histoire de légende personnelle, certes, mais après avoir vu des centaines de personnes traverser mes stages je prend aussi conscience que ça a été utile d'une manière ou d'une autre, et qu'il ne faut rien attendre de plus que la satisfaction d'avoir donné une bonne partie du meilleur de soi-même...

Alors j'ai partagé, et je partage encore, le fruit de toute une vie axée sur la quête de transcendance et de la lumière cachée du monde, et chacun prend ce qu'il a à prendre. Peu m'importe finalement d'avoir été compris ou non, ça n'a plus trop d'importance.

Mon parcours est atypique, original, décalé en apparence, mais j'ai la sensation d'avoir été au cœur du monde à travers des dizaines (centaines ?) de personnes que j'ai pu aider, même à mon insu.

Ce qui compte vraiment pour moi désormais, c'est d'entretenir le Feu. Le feu intérieur, dépositaire de ce secret (que chacun devrait contacter) que je sens brûler avec tant de force au cours de chacun de mes stages.

Un secret qui parle de force de vie, d'amour des êtres qui nous dépassent et qui nous soutiennent dans notre parcours d'incarnation, de l'intelligence qui gouverne les mondes et qui ne demande qu'à se frayer un chemin en nous.

Donc si un jour vous souhaitez franchir le pas, vous savez maintenant un peu de quoi il retourne !