7 novembre 2022
Tambour Chamanique et Automne
L‘automne est bien là… le Feu du dehors se meurt, recueilli précieusement dans les alambics souterrains par les êtres du crépuscule qui échangent leurs secrets dans une frénésie joyeuse.
Le soleil jamais ne meurt, il se déplace juste là où la saison l’appelle. Et maintenant, c’est manifeste, il plonge dans les racines, inonde les cavités obscures, les palais endormis.
La Nature se prépare au miracle printanier dans le cœur sombre qui soutient les mondes. C’est dans la Terre désormais, et dans la chair, que les alchimies du vivant opèrent. Dans la grotte, dans l’athanor des émotions, des rêves et des engagements secrets, dans le brasier qui sépare le subtil de l’épais.
Le stage de Tambour Chamanique Tompa que je viens de vivre, sous le couvert discret d’une Yourte sertie dans une clairière au milieu des Bois, fût un étonnant condensé de matière alchimique. Alchimie de cinq êtres réunis, dans le doux vertige de l’inconnu qui nous a réuni pour un rendez-vous intense et libérateur.
Le nombre anormalement faible de participants pour un stage Tompa (désistements et climat automnal obligent) a ouvert une porte totalement inattendue vers les profondeurs d’une expérience aux confins de l’intime, du sensible, portant chacun à la lisière de ses seuils de perception et de compréhension face à une confrontation salutaire à l’invisible, à ses émergences et ses miracles.
Ce fût une lame de fond d’une lenteur révélatrice. Nécessité de ralentir, de poser, de questionner le vide, l’insondable, l’inexprimable. D’accueillir la proximité et l’intimité du petit groupe comme une sage-femme qui attend patiemment que l’enfant se manifeste.
À cinq ce fut fort, poignant, impactant.
Nus par tous les pores de la peau nous avons senti le souffle ardent du dépouillement, de l’authentique, de l’abandon, du lâcher-prise. Au contact de notre force de vie, du rythme, de la poussée sauvage qui accompagne le Tambour il y a eu des éclairs soudains sous la Yourte.
Encouragés par la lune gibbeuse et Jupiter culminant nous avons eu l’audace d’aller vers nous-mêmes, mus par la bienveillance de groupe qui favorise les émergences.
L’automne nous a déposés au pied de l’immense, du silence, de la souffrance muette qui se dissout dans la joie de l’instant présent. Le Tambour nous a portés, soutenus, encouragés au seuil d’une multitude qui a semblé nous entourer par moments.
C’était encore bien plus qu’un stage de pratique du tambour Chamanique… Ce fut un élan vers le corps, vers la vie, vers le mouvement libérateur, pour revêtir l’espace d’un week-end les parures des joies sauvages et pures des mondes intérieurs qui libèrent, et nous ramènent au centre du monde et à nous-mêmes…
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