BIVOUAC D'AUTOMNE (SEPTEMBRE 2012)
La Sweat-Lodge d'Automne de cette année nous a réunis à huit personnes au coeur du sanctuaire végétal qui accueille les Sentiers du Bivouac.
Magie des rencontres, synchronicité de l'existence, tout a semblé couler de source dans la fluidité et le partage, dans une grande simplicité fédératrice.
Bénéficiant d'une météo très favorable, nous ne pouvions rêver meilleur contexte pour une hutte de sudation.
Le ton a été donné une fois parvenus au camp. Après le cercle de présentation et l'échange de nos pseudonymes, la rivière nous a appelés pour un grand bain d'argile collectif. C'est un spectacle inoubliable que de voir huit personnes qui ne se connaissaient pas une heure auparavant s'enduire le corps avec un vrai bonheur, vivant des retrouvailles spontanées avec la terre et laissant une sensation de plénitude sensorielle les envahir.
Pétrir l'argile à pleine main, s'abandonner avec confiance en offrande à ce privilège rare est une vision aussi très spectaculaire lorsqu'il s'agit de huit personnes, créatures vertes de la tête aux pieds surgies de nulle part, unies dans ce festoiement panthéiste dont nous aurons été les seuls témoins.
L'autre moment précieux qui accompagna la séance de l'argile, la plongée dans la cascade, a permis à chacun de recevoir l'énergie incomparable de cette eau vivante et puissante et de mesurer l'intérêt de se concentrer, en plus du plaisir de la baignade, sur l'énergie qui habite la rivière.
Suite à des circonstances imprévues, nous avons décidé de faire la sweat- lodge à l'aube.
Magie de l'heure précédant l'aurore encore plongée dans la nuit avec Orion que je retrouve culminant dans le ciel pour la première fois depuis cet hiver, le brasier se lève au cœur de la pénombre. Les pierres éclatent sous la chaleur, accompagnant le son du tambour qui appelle les convives encore endormis.
L'aube arrive enfin, et le feu délivre ses pierres incandescentes tandis que nous invitons les esprits favorables du lieu à bénir notre sweat-lodge par des incantations chantées et le tambour.
L'entrée dans la hutte est toujours un moment saisissant, même pour moi, après tant de fois. Chaque hutte est unique, irremplaçable. Et en fonction des personnes qui la compose prépare une alchimie qui lui sera propre. À la minute où nous nous retrouvons tous dans cette matrice au coeur du monde, loin de tout entre terre, forêt et rivière, je sens une énergie qui monte, puissante, mêlant crainte de l'inconnu (plusieurs participants étaient encore novices en la matière), joie, excitation mais aussi volonté ferme, noble et courageuse d'accueillir avec authenticité l'évènement.
Consacrée à l'archange Mikhaël, puissance séparant le subtil de l'épais, propice à la purification et à la manifestation de l'être lumineux qui est en nous, cette hutte a donné tous ses fruits.
Merveilleux partage. Catharsis, offrande, prière, accouchement, cri dans la nuit, tout est magnifique dans une loge. Même la souffrance.
Chacun dépose ce qu'il a besoin de déposer. Histoires personnelles intimes, brûlantes, tout remonte et se partage dans le sacré des confidences, au coeur de la vapeur dans un athanor velouté et douloureux à la fois.
Il ne s'agit pas de thérapie. Je ne suis pas (et ne veux pas être) thérapeute. En revanche la présence de la nature, l'affection et l'attention sincère que nous nous portons tous mutuellement, cette fraternité spontanée qui s'installe et la puissance des présences protectrices qui descendent dans une hutte de sudation bien menée ont des vertus sans doute thérapeutiques. La sweat-lodge agit comme un révélateur, et nous sommes alors un peu notre propre thérapeute.
Une séquence magique s'est installée dans la hutte. Hommage à la femme, à la mère, à la beauté de l'âme féminine. Et quelle émotion pour nous aussi hommes, d'accompagner cette douce et poignante émergence au cœur des pénombres fertiles de la hutte !
La sortie de la hutte, et le pèlerinage à la rivière qui lui fait suite est un de mes instants préférés. Nus, vacillants et ruisselants, ébouriffés, le corps mêlé de terre et de cendres, nous sortons de la hutte tels des nouveaux-nés magnifiques, lumineux, radieux et un peu épuisés mais apaisés, heureux, remplis.
L'expérience est marquante, profonde, bienfaisante.
Difficile après de vivre autre chose. Le temps après une hutte demande d'intégrer, de digérer, de partager aussi.
Nous nous sommes mis en cercle, main dans la main, pour accueillir ensemble ce qui venait de nous arriver. Balançant, ondulant, nous célébrant mutuellement par de douces paroles.
Pour le reste de la journée j'ai proposé à certains d'aller caresser les sylphes sur les hauteurs avoisinantes, en haut des rochers surplombant de plus de cent mètres la rivière. Mais même ici c'était en fait inutile. La journée se suffisait à elle-même. Repos, baignade, repos avant le retour au monde. Un week-end, c'est très court. Mais le voyage a été pleinement réussi, au-delà de mon espérance.
Merci à tous pour votre beauté, votre enthousiasme, votre ouverture de coeur et d'esprit qui ont permis de sceller dans un accord quasiment idéal l'alliance avec la nature, les puissances spirituelles et notre belle humanité.
Merci à Walla, Yanco, Adama, Escar, Anna, Bâ, Joy et Wyngalian...et rendez-vous au printemps pour un séjour complet cette fois-ci des Sentiers du Bivouac !