BIVOUAC D'AOÛT 2012
Le troisième bivouac de l'année nous a offert une pleine immersion dans le royaume de l'Écologie Sacrée. Bivouac intime, surprenant, envoûtant à certains endroits, entre terre et ciel, racines de feu et voûte de lumière.
Les larmes de Chandia, happée par les ailes invisibles du « couloir à Sylphe », vortex aérien sur le promontoire rocheux dominant le défilé de la rivière, ont donné le ton. Maintenant, nous y sommes. Les Sentiers du Bivouac ont prit leur envol. Après les frémissements (très) perceptibles du précédent bivouac, les portes s'ouvrent, en résonance avec toutes les expériences précédentes.
Je ne m'y attendais pas, pas à ce point en tous les cas. Et pas de cette manière. Tout a été si fluide, si naturel, direct, spontané !
Mon objectif, en créant les Sentiers du Bivouac, était d'offrir l'occasion à des personnes réceptives d'entrer en relation avec la nature de manière pleine, ouverte, originale, épanouissante, et d'entrer de plein pied dans un univers qui puisse permettre de se ressourcer en profondeur dans l'harmonie en symbiose avec la nature.
Maintenant, pour mon plus grand bonheur, nous avons pu mener ensemble, à trois, une expérience aux confins des fréquences sensibles qui témoignent de manière tangible de la présence des esprits lumineux de la nature, et du bien-fondé de cette ambition harmonique. Au-delà de mes espérances.
La connexion a été totale, d'une force presque inexprimable. C'est d'ailleurs tout le challenge des Sentiers du Bivouac qui s'est délié de manière presque inespérée pour moi : en effet, comment communiquer l'indicible, l'inexprimable, par essence difficiles à transmettre si ce n'est par un enthousiasme communicatif qui agit par-delà les mots ? Eh bien, c'est fait, visiblement bien au-delà de ma volonté, par la grâce d'un bivouac d'été et de l'alchimie d'un partage à trois. Mes partenaires y sont aussi certainement pour beaucoup, bien sûr. Mais, au-delà, une empreinte a été créée, dont bénéficierons aussi, peut-être, les bivouacs suivants !
Il a fallu deux jours, tout de même, afin que tout se mette bien en place. Le temps d'entrer dans l'énergie du lieu, de profiter pleinement, en toute « succulence » (n'est-ce pas Adama !) des merveilles de l'été au Vanson avec la rivière cette fois si belle, si transparente, limpide, voluptueuse. Nous avons vécu une journée de randonnée, découvrant les grands espaces qui s'offrent à partir du sommet de la colline sur des sentiers à l'écart de toute fréquentation, avec les montagnes tout autour, abandonnés au doux vertige de l'air et du soleil caressant nos corps, en osmose avec la forêt et les étendues hospitalières. Nous avons accueillis avec joie un orage de passage et ses quelques gouttes bienfaisantes.
Puis le matin magique du troisième jour est arrivé. Après une promenade le long de la rivière et une petite séquence de danse en cercle sur le sable, j'ai senti, très clairement, une ouverture et un appel pour aller vers le temple. L'énergie a basculé, sans prévenir. Une ambiance dense, prenante s'est installée subitement, et nous montâmes par la « porte » du hêtre merveilleusement accueillant qui borde la rivière. Parvenus au sommet du monticule abritant le cercle de pierre moussue sans un bruit, sans une parole, en résonance subtile les uns avec les autres, nous nous sommes approchés près du chêne sentinelle. Je le connais bien, ce chêne. C'est lui qui m'a accueilli lorsque j'ai découvert le lieu. C'est un ancien, pas toujours commode. Mais c'est un gardien du lieu. Et cette fois-ci, l'ouverture fut immédiate. Pas de préalable. J'utilisai mes techniques d'approche habituelles, et le ciel s'ouvrit aussitôt (si ça pouvait être comme ça à chaque fois !). Une colonne de lumière se déversa sur moi, comme une cascade depuis le sommet de l'arbre. C'était extraordinaire. C'était si tangible, concret, dense et réel ! À couper au couteau. Ça remplissait tout de toutes parts comme un feu nourricier, c'était frais, régénérant, vivifiant, euphorisant ! Et aussi, surtout, je sentais ce bourdonnement si caractéristique, que je connais bien pour l'avoir vécu dans différents contextes de communion spirituelle, qui traduit la présence de vibrations particulièrement élevées.
Nous sommes entrés dans le temple enfin, accueillis, bénis, comblés, inondés de bénédictions.
Le plus extraordinaire, c'est que ça a continué par la suite. Chandia, mue par une intuition soudaine, nous a proposé de retourner l'après-midi sur l'étage boisé qui surplombe le bivouac à dix minutes de marche. Ce lieu est aussi très particulier, vibrant, sacré, avec son bois de pins mêlé de chênes et de hêtres parfois enlacés. Et là, encore, l'émerveillement fut total. Les bourdonnements, encore, se manifestèrent, en écho à l'expérience du matin un peu plus bas dans le temple. Les présences étaient identiques. Nous restions là en méditation, sans un bruit, pendant un temps qui se prolongeait délicieusement et indéfiniment, comme des enfants un peu ivres de cadeaux et de merveilles intarissables.
Ainsi, en une journée, nous avons définitivement basculé dans un univers de communion, de partage et de complicité spirituelle qui constituent une expérience indéniablement marquante (et peut-être un peu inattendue à ce stade) dans le cadre des Sentiers du Bivouac. Toute la suite a été un peu enchantée.
Pour être tout à fait honnête, je n'étais pas sûr initialement de pouvoir offrir à mes partenaires un réel sentier du bivouac vu notre nombre (qui s'explique par l'annonce tardive de la date estivale du bivouac, et aussi par les contraintes de plusieurs mères de famille qui auraient souhaité venir avec les enfants -ce qui n'est absolument pas possible, du moins pour l'instant). En réalité, c'était ce qui pouvait arriver de mieux. Ce Sentier du Bivouac fût parmi les plus accomplis. Maintenant, peut-être, la route est-elle tracée, et je souhaite aussi que nous puissions maintenant nous préparer à revivre des expériences de groupe comme au début de l'année ou l'année dernière. Nous verrons bien, dans l'accueil de ce qui vient et qui est toujours juste.
Ainsi, après avoir eu notre parfum de ciel et de communion avec la puissance des présences des esprits de la nature du Vanson, nous avons aussi eu la joie de vivre l'autre aspect (essentiel) des sentiers : l'aspect racine, ancré à la Mère-terre et à la force de vie. Ainsi, nous avons réservé un espace à la danse-tambour. Le danseur se laisse porter en accompagnant le tambour chamanique par les pulsations de son propre coeur, soutenu par l'assistance, inspiré par les rythmes qui montent au fur et à mesure de la danse. Sans rien retenir, dans la confiance et l'offrande, la danse est vécue comme un accouchement, une catharsis bénéfique et aussi un partage dont le groupe retire tout le bénéfice.
Nous avons également pratiqué des massages-détente, scellant encore davantage la qualité de nos relations par des moments d'intimité précieux, procurant un bien-être profond toujours dans la confiance et l'offrande.
Le voyage chamanique consacré à l'animal-totem a également donné tous ses fruits, avec entre autres pour Adama un chamois venu la visiter au retour de randonnée (à trois mètres de distance !) en écho à l'antilope du désert contactée pendant le voyage.
Bien sûr, nous avons vécu les instants maintenant rituels au coeur des Sentiers du Bivouac du bain d'argile.
Mais il y a tant de choses aussi que nous n'avons pas eu le temps d'expérimenter. Et c'est tant mieux. Chaque bivouac est une improvisation créatrice, et rien ne peut se commander d'avance.
Il reste ainsi tout le travail avec les esprits de l'eau, que nous n'avons fait qu'effleurer. L'exercice « des petits cailloux » dans l'eau a fait merveille pour ce qui me concerne. Ou comment fixer son attention au coeur de l'onde, de manière à court-circuiter le mental et permettre au fluide de la rivière de nous pénétrer dans un délice de communion subtile.
Pour bien faire, peut-être faudrait-il prévoir un bivouac d'une semaine l'année prochaine. Tout passe si vite. Quatre jours, ce n'est qu'un souffle semble-t-il. Le temps est comme suspendu, tout passe comme dans un rêve éveillé et on retourne au monde si vite. Tout en gardant cette flamme dans le coeur et cette conscience que la nature, si vivante, si habitée, n'attend plus que notre retour. C'est d'ailleurs le message qu'a semblé nous transmettre le blaireau qui nous a salué au moment de notre départ, nous honorant de sa présence nonchalante, pas effrayé pour un sou, comme un messager pénétré du sens de sa mission.
À bientôt, le Vanson ! (prochain rendez-vous en tout début d'automne pour la Sweat-Lodge).